Comment promouvoir l’adoption de technologies vertes et la transition vers une production industrielle faiblement émettrice de CO2 ? C’est le défi qu’ont choisi de relever Thomas Niel, Oskar Beneton et Gauthier Jary, tous trois étudiants à ENSTA Paris, en participant au hackathon organisé par la junior-entreprise des Arts et Métiers en décembre dernier.
C’est Thomas Niel, actuellement en double diplôme dans le master en management et innovation HEC-TUM, qui apprend par l’intermédiaire d’HEC l’existence de cette compétition. Très intéressé par les problématiques de réindustrialisation et débordant d’idées, il décide d’y participer. Pour constituer une équipe, il pense tout de suite à son ami Oskar Beneton, avec lequel il a déjà longuement échangé sur ces questions. « Avec Oskar, il nous a paru préférable d’être trois afin de pouvoir discuter plus efficacement des orientations à prendre. Il nous fallait quelqu’un susceptible de nous forcer à nous poser les bonnes questions, et intéressé par les problématiques industrielles. Gauthier répondait parfaitement à ce portrait-robot » se souvient Thomas Niel.
Seule difficulté, Gauthier Jary est lui-même en double diplôme à KTH, en Suède, et tout devra se faire en visio. « La thématique m’intéressait beaucoup mais je craignais que le brainstorming soit moins efficace en distanciel. Au final, ça a très bien fonctionné ! On s’est pris au jeu et nous avons développé une idée qui avait vraiment du potentiel. Bien sûr, je n’ai pas pu pitcher le projet devant le jury, mais Thomas et Oskar s’en sont très bien sortis. »
Cette idée avec du potentiel, quelle est-elle ? Créer une plateforme d’investissement collaboratif qui permette à tout un chacun de s’impliquer dans les choix d’investissements industriels à l’échelle de sa collectivité, de sa région voire du pays tout entier. Cette grande souplesse de déploiement, permettant de tester l’idée à différents échelons, a d’ailleurs été un des points décisifs qui ont emporté la décision du jury.
« Concrètement, on donne à chaque citoyen un bon pour investissement de 20 euros, qu’il choisit de répartir entre les différentes propositions des industriels dont il estime qu’elles méritent d’être financées » résume Thomas Niel. « Evidemment, l’implication sera d’autant plus forte que le projet sera proche de l’investisseur, et qu’il pourra espérer voir son tissu industriel local en bénéficier. »
Mais comment s’improviser investisseur lorsqu’on n’est familier ni de l’industrie, ni de la finance ? « Chaque proposition des industriels, issue d’un appel à projets, est accompagnée d’un score qui prend notamment en compte son poids carbone, son impact social, le nombre d’emplois attendus, etc. Un des objectifs de cette plateforme est aussi de réconcilier nos concitoyens avec l’industrie et l’investissement » explique Oskar Beneton.
« Notre projet est au cœur des enjeux actuels de gouvernance qui ont pour objectif de remettre les citoyens au cœur des décisions, tout en permettant leur montée en compétence sur des sujets structurants pour l’avenir » complète Gauthier Jary.
Le jury, notamment composé de consultants de Capgemini Invent, a souligné la maturité et le réalisme du projet dont la souplesse permet de dessiner dès à présent une véritable roadmap de déploiement, depuis la collectivité territoriale jusqu’à l’échelon national. Il a également apprécié l’investissement, le dynamisme et la réactivité des porteurs du projet.
Interrogés sur ce que cette expérience leur a apporté, Gauthier souligne l’intérêt d’avoir eu, grâce aux interactions avec les professionnels, des aperçus très concrets des problématiques de la réindustrialisation bas carbone auxquelles il sera nécessairement confronté au cours de sa carrière. Oskar a trouvé l’expérience très stimulante et formatrice, au point de réaliser son prochain stage en valorisation afin d'accompagner les start-ups dans leur processus de levée de fonds. Quant à Thomas, qui a beaucoup aimé avoir à réfléchir sur ce sujet et inventer des solutions, ce franc succès l’a conforté dans son projet de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale à l’issue de sa formation.