Sami Bouden, ticket gagnant

Issu du cursus ENIT-Techniques Avancées, Sami Bouden portait depuis longtemps le projet de créer sa propre entreprise. Lancée en 2019, Ticketchainer vient de gérer sans anicroche la billetterie de la Coupe d’Afrique des Nations et rivalise déjà avec les plus grands noms du secteur. Rencontre avec un ENIT-ENSTA qui a su concilier le meilleur des deux mondes.

Créé en 2010, le cursus ENIT-TA est né de la volonté de l’École Nationale d’Ingénieurs de Tunis (ENIT) et d’ENSTA Paris de former des ingénieurs pluridisciplinaires de très haut niveau ouverts au contexte international. Dans le cadre d’un partenariat innovant, les deux écoles se sont associées pour développer en étroite collaboration un cursus commun de formation d’excellence en 3 ans, réalisé en Tunisie et en France, menant à l’attribution d’un double diplôme d’ingénieur.

« ENIT-TA est une voie d’excellence très courue par les élèves du concours tunisien d’entrée dans les écoles d’ingénieurs » confirme Sami Bouden. « C’est une expérience très enrichissante sur le plan culturel et humain qui nous fait grandement gagner en maturité et en ouverture à l’international. »

Déterminé à créer à terme une entreprise, Sami Bouden choisit en 3e année, en complément d’un parcours de spécialisation "systèmes embarqués", un profil "entrepreneuriat".

 

Sami Bouden, ENSTA Paris 2017 et fondateur de Ticketchainer
Sami Bouden, ENSTA Paris 2017 et fondateur de Ticketchainer

« Ce profil permet de faire une première incursion dans l’univers de l’entrepreneuriat et de se confronter à la réalité de la création, d’appréhender la difficulté de la démarche, de tout ce dont il faut tenir compte pour que la création ait des chances de succès. C’est très formateur car nous devons mener aussi loin que possible un projet de création, s’associer entre élèves, trouver des partenaires, etc. »

Une fois diplômé en 2017, Sami Bouden préfère attendre avant de se lancer directement dans la création d’entreprise. Pendant deux ans, il accumule expérience et capital afin d’être crédible auprès des banques et des investisseurs et débute sa carrière comme ingénieur en recherche et développement. En parallèle, il continue de participer à des événements autour de l’entrepreneuriat tels que des startup week-ends.

Lors de l’un d’entre eux sur la thématique du sport, il rencontre une personnalité de la Ligue de football professionnel venue présenter les problématiques de la Ligue. Il comprend alors qu’un créneau existe dans le domaine de la billetterie, particulièrement délicate à gérer dans le football :

« Le sport, et en particulier le football, est le secteur de l’événementiel où la billetterie est la plus complexe à gérer : places numérotées, abonnements à l’année ou à la demi-saison, sécurité, il y a beaucoup de paramètres à prendre en compte. Ça m’a paru être un défi à la fois captivant et à ma portée. C’est comme cela que l’idée de Ticketchainer est née. »

Créée en septembre 2019, Ticketchainer décolle véritablement en 2021 à la fin des restrictions sanitaires sur les jauges de public lors d’événements sportifs ou culturels.

« Aujourd’hui, sur le marché français, nous avons des clubs clients dans à peu près toutes les disciplines sportives, que ce soit le foot bien sûr mais aussi le basket, le rugby, le volley et le hand. »

Il y a un peu plus d’un an, Ticketchainer décide de s’attaquer aux marchés internationaux en se positionnant sur de grands appels d’offres tels que celui de la Coupe d’Afrique des Nations.
 

« Ça a été une immense satisfaction pour l’équipe car nous avons remporté cette compétition devant tous les grands noms du secteur, ce qui constitue un signal fort pour l’avenir. »

Surtout, tout s’est parfaitement déroulé alors que les défis techniques étaient immenses.

« Nous avons vraiment changé de dimension en nous retrouvant à gérer plus de 350 000 connexions par jour, avec 25 000 billets vendus quotidiennement pendant plusieurs semaines. La sécurité a bien sûr été un aspect crucial, mais nous avions très bien anticipé la question et toutes les tentatives de fraude ont été déjouées. Nous avons énormément travaillé pour adapter notre technologie à la dimension de l’événement et la rendre sûre et solide. Et ça a parfaitement fonctionné. Nous avons réalisé des prestations inédites, comme la modélisation et l’intégration 3D de stades avec des capacités de 20 à 60 000 places deux mois et demi avant l’ouverture de la billetterie. C’était très exaltant. »

Même après un tel succès, Sami Bouden garde la tête froide tout en restant ambitieux.

« Notre objectif principal reste de consolider notre expansion sur le marché français et européen et de devenir la solution de référence pour les compétitions les plus prestigieuses. Parallèlement, le succès de notre prestation lors de la Coupe d’Afrique des Nations nous permet naturellement de nourrir des ambitions sur de nouveaux marchés, notamment dans les pays du Golfe, marchés émergents où l’événementiel est en train d’exploser. Nous venons de faire la preuve que nous avons tous les atouts pour y parvenir. »