À partir du milieu des années 1980, des étudiants d’ENSTA Paris, en digne héritiers du corps des ingénieurs du génie maritime, se sont lancé le défi de battre le record du monde de vitesse à la voile. Ce projet se concrétisera en 1989 avec le catamaran « Techniques avancées », lequel détiendra bel et bien le record de vitesse à la voile de 1997 à 2007.
Aujourd’hui, c’est un peu le même défi que se sont lancé Albin Joyeux, Samuel Calamel, Christopher Tsa-Kwet-Shin, Thibaud Geffray, François Derrida et Alexis Rusalem. Dans le cadre de leur projet d’ingénieur en équipe, une étape incontournable de la deuxième année du cycle ingénieur d’ENSTA Paris, ils ont choisi d’aider Antoine Albeau et Marc Amerigo, chef de projets exigeant l’ultra performance en milieux extrêmes, à remporter leur pari.
Comme l’explique Alexis Rusalem, « nous voulions un projet vraiment novateur et challengeant, recoupant nos centres d’intérêt. En tant que pratiquant de planche à voile, je connaissais bien sûr Antoine Albeau qui est une légende dans le milieu. Lorsque nous avons eu vent du projet Zephir, j’ai tout de suite compris le potentiel pour proposer un projet hors du commun. »
Mais comment des élèves ingénieurs encore en formation peuvent-ils aider des professionnels aussi chevronnés que Marc Amerigo et Antoine Albeau ? « Grâce aux enseignants-chercheurs d’ENSTA Paris et aux moyens techniques de son Unité de mécanique, nous avons pu mener des essais en soufflerie afin de déterminer quels genres d’appendices aérodynamiques nous pourrions développer afin d’améliorer la pénétration dans l’air de l’athlète » explique Alexis Rusalem.
Placés à la fois sur et sous la combinaison, ces appendices inspirés notamment du biomimétisme et de la Formule 1 permettent de sculpter littéralement le profil d’Antoine Albeau.
Les 4 et 5 avril dernier, l’équipe était réunie au grand complet à la soufflerie de l’Institut Aérotechnique de Saint-Cyr l’École (IAT-CNAM) pilotée par Clodoald Robert afin de tester ces innovations dans des conditions quasi réelles. Le but était de procéder aux derniers réglages avant les premiers essais grandeur nature.
« Nous visions trois objectifs : d’abord réduire la traînée bien sûr, mais aussi augmenter sa stabilité tout en garantissant son confort et sa sécurité. »
Après ces premiers essais en soufflerie très concluants, c’est en condition réelle que les élèves ingénieurs et le champion testeront bientôt leur nouveau matériel.
« En tant qu’élèves, c’est pour nous une formidable opportunité car le projet s’avère très formateur, utilisant à plein les disciplines qui sont au cœur de l’enseignement du cycle ingénieur d’ENSTA Paris. Accompagnés par des enseignants-chercheurs et des techniciens très enthousiastes et motivés, nous sommes ravis d’avoir pu faire partie de cette magnifique aventure et nous avons hâte de voir ce que cela donne sur l’eau » conclut Alexis Rusalem.
Alors bon vent au projet Zephir ! L'aventure ne fait que commencer.