Mila, deux notes d’espoir face aux troubles dys

Les troubles de l’apprentissage concernent quelque 6% de la population en âge scolaire, soit près de 700 000 enfants au total. Si la sévérité de ces troubles est variable, ils entrainent pour certains des répercussions durables sur leur scolarité et leur vie quotidienne. Le projet de la startup Mila, c’est d’apporter une rééducation par la musique aux enfants de 7 à 11 ans souffrant de dyslexie, dysphasie et dyspraxie. Rencontre avec François Vonthron, fondateur de Mila et diplômé ENSTA Paris 2017.

Depuis son plus jeune âge, François Vonthron a deux passions : la musique, et les mathématiques. Chez lui, les deux sont toujours allés de pair, le conservatoire ayant eu autant d’importance que l’école. « Je suis depuis longtemps convaincu du lien étroit qui unit musique et développement cognitif chez l’enfant, et dont je peux témoigner pour moi-même » confirme le jeune entrepreneur.

Dès son arrivée en classes prépas, François Vonthron cherche à étayer cette conviction en dévorant toute la littérature scientifique sur les bénéfices de la musique sur les apprentissages. Il n’hésite pas à questionner les chercheurs dont il lit les travaux, en particulier René Causse, qui travaille alors à l’IRCAM (Institut de recherche et coordination acoustique/musique). Lorsque François se pose la question de savoir dans quelle école d’ingénieurs il pourrait poursuivre au mieux son chemin en acoustique musicale, René Causse lui recommande ENSTA Paris, conseil qu’il se félicite encore aujourd’hui d’avoir suivi :

 

« ENSTA Paris a un département d’acoustique incroyable, avec des enseignants-chercheurs passionnés et passionnants, comme Cyril Touzé ou Benjamin Cotté pour ne citer que ceux-là. Ils m’ont beaucoup accompagné tout au long de mon parcours et je leur dois énormément car ils m’ont orienté très efficacement pour mes premiers stages, m’ont encouragé à aller dans la voie de la recherche en acoustique, ce qui m’a été très utile lorsque j’ai voulu consolider mon projet entrepreneurial. »

Cyril Touzé, ci-dessus, et Benjamin Cotté, tous deux chercheurs au sein de l'unité de mécanique d'ENSTA Paris
thumbnail ENSTA'Sciences - Episode N°1 : Vibrations & acoustique

C’est en effet la particularité de Mila de s’être toujours appuyée sur la démarche scientifique pour confirmer les hypothèses sous-tendant ses produits, comme le précise François Vonthron :

« Mila est porteuse d’un ADN scientifique extrêmement fort. En ce moment, nous visons à démontrer la validité d’une thérapie numérique via un jeu pour enfants, Mila-learn. Nous cherchons à obtenir des preuves extrêmement fortes sur l’impact que la musique peut avoir sur le développement cognitif de l’enfant. »

Pour ce faire, Mila mène une étude en double aveugle randomisée placée sous le contrôle de l’ANSM, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, dans un cadre aussi rigoureux que lors de l’évaluation d’un médicament ou d’un vaccin.

« Cela coûte beaucoup d’argent, prend beaucoup de temps, mais nous permettra au final d’obtenir des données cliniques incontestables qui auront une très grande valeur » confirme François Vonthron.

L'équipe de Mila
L'équipe de Mila. François Vonthron est le premier à gauche sur le rang du haut.

Avec un effectif de 20 personnes, Mila a levé 4 millions d’euros l’an dernier et a été lauréate de plusieurs programmes nationaux. Elle a en particulier été identifiée par le gouvernement comme projet prioritaire en santé numérique en octobre dernier, avec une dotation d’un million d’euros à la clé.

Pour 2022, François Vonthron a pour ambition de porter l’équipe à 50 personnes et de poursuivre son expansion à l’international. Un double défi qui n’impressionne pas le jeune entrepreneur, lequel a énormément appris de ses engagements associatifs au sein d’ENSTA Paris en matière de gestion de projet.