Faire des choix qui lui font vraiment plaisir, telle est la boussole de Margaux Zaffran depuis le collège.
« En 4e, j’ai eu la chance d’avoir au collège-lycée Marseilleveyre un professeur de physique-chimie absolument incroyable, Monsieur Khelladi. Il savait tout rendre passionnant. Puis dans le même établissement, mais au niveau du lycée, Monsieur Torregrosa. J’ai eu un véritable coup de foudre pour l’astrophysique et la physique des particules. Ça a été très moteur pour moi et m’a aidé à faire mes choix pour la première, car j’étais aussi très intéressée par l’économie. »
C’est finalement la voie scientifique sur laquelle Margaux Zaffran s’engage, décrochant une place en classes préparatoires au Lycée Louis Le Grand à Paris. Vient ensuite le moment du choix d’une école, et ENSTA Paris apparaît comme une évidence.
« Je savais dès le départ que je voulais faire de la recherche par la suite. ENSTA Paris ayant un des programmes de tronc commun en math et physique parmi les plus exigeants des grandes écoles d’ingénieurs, je savais que c’était un choix qui me permettait de garder toutes mes chances de poursuivre en thèse, comme 30% de chaque promo. Je savais aussi que l’énergie, qui est un enjeu crucial de la transition écologique, est un des grands domaines applicatifs d’ENSTA Paris. »
Une période de sa vie dont elle garde un excellent souvenir.
« Mon passage à ENSTA Paris, ce sont vraiment de très belles années. L’hébergement dans la résidence de l’École donne à la vie associative une richesse rare. Dans une des associations dont je faisais partie, nous avons fait venir Cédric Villani, Étienne Klein, c’était passionnant. Pendant toute cette période à ENSTA Paris, je me suis sentie comme dans un cocon. Sur le plan des cours, j’ai beaucoup aimé la pluridisciplinarité de la première année. Ça nous ouvre des portes sur des domaines auxquels on n’avait pas forcément pensé, ce qui a été mon cas. La formation ENSTA Paris est extrêmement bien construite. »
Faire ses études à ENSTA Paris s’est avéré particulièrement judicieux pour le bon départ de sa carrière de chercheuse, qui lui vaut aujourd’hui d’être distinguée par le prix L’Oréal-UNESCO :
« J’ai intégré ENSTA Paris avec l’idée que je voulais par la suite faire de la physique théorique. Au fil des cours, j’ai pris conscience de ma responsabilité de jeune scientifique par rapport à la transition écologique, qui est une véritable urgence. Je me suis donc orientée vers les statistiques et les données grâce à une autre prof géniale, Jeanne Nguyen, qui m’a initiée à la beauté des statistiques et à leur universalité. »
Cette universalité des statistiques est si vraie que la méthode que Margaux Zaffran développe actuellement dans sa thèse pour quantifier l’incertitude des modèles des prix de marché de l’électricité va prochainement être testée sur un modèle de prévision des chocs hémorragiques des polytraumatisés pris en charge en urgence.
Quand on lui demande ce que représente pour elle le fait d’avoir obtenu le prix L’Oréal-UNESCO, Margaux Zaffran en profite pour faire part de ses convictions profondes :
« C’est un très beau message, qui peine malheureusement à être entendu : oui, les femmes ont toute leur place dans les sciences. Il faut lutter inlassablement contre les stéréotypes, aussi bien dans les familles que dans la société, l’enseignement, les entreprises… J’ai eu personnellement beaucoup de chance car je n’ai jamais été brimée dans mes choix. Mais je constate que nous sommes encore loin de la parité. C’est un combat qu’il faut continuer à mener, par l’exemple, mais aussi en allant à la rencontre des lycéennes, des collégiennes. J’ai participé en 2022 aux rencontres des jeunes mathématiciennes qui ont lieu tous les ans à ENSTA Paris. C’était vraiment chouette de voir des étoiles s’allumer dans leurs yeux simplement en leur expliquant mon parcours, en démystifiant les études scientifiques, ce moment où elles comprennent que pour elles aussi, c’est possible, et surtout qu’il y a des mathématiques partout et pour tout. »
En se retournant sur son parcours académique, Margaux Zaffran se rend compte d’une constante, qui serait peut-être son meilleur conseil pour les lycéennes qui s'interrogent sur leur orientation :
« Faites des choix qui vous font vraiment plaisir, sans nécessairement faire des plans à très long terme. La vie a toujours plus d’imagination que nous, et il faut être en mesure de saisir les opportunités qu’elle propose. L’important est de faire des choix qui permettent de s’épanouir à chaque étape, car c’est le moyen le plus simple d’être heureux. Et il faut être heureuse pour mener à bien les combats qui nous tiennent à cœur. »