Le Floating Wind Challenge est une compétition étudiante qui a pour but de stimuler de potentiels futurs ingénieurs dans la recherche de solutions innovantes pour concevoir les flotteurs éoliens de demain. Le but est de construire un flotteur à taille réduite pour une éolienne de 400W tout en réfléchissant au coût et à la faisabilité d'une telle solution à taille réelle pour une éolienne de 15MW.
Blandine Duprat, étudiante en dernière année de la formation d’ingénieur généraliste ENSTA Paris et Raed Rezgui, membre de l’équipe brestoise en formation d'expert en Énergies Marines renouvelables, répondent à nos questions.
Comment se déroule le projet pour vos équipes ?
Blandine Duprat : Notre équipe « EoliTA » rassemble 7 étudiants. Elle a été créée dans le cadre du projet tutoré du profil “Ingénierie et conception” de la 3e année.
Encadrés par Luc Pastur, enseignant-chercheur de l’Unité de Mécanique (UME) et Côme Reynaud, un diplômé ENSTA, ingénieur chez Eiffage Métal, nous avons lancé le projet en octobre 2024.
Après une phase de réflexion collective sur le concept de flotteur que nous voulions designer, nous nous sommes réparti les différentes études nécessaires à la bonne réalisation du projet (calcul statique et dynamique, étude de marché, choix des matériaux pour notre concept…). En parallèle nous avons réalisé une fiche de présentation de notre projet qui nous a permis de nous qualifier pour la compétition et d’obtenir un financement de 1000€ pour la construction de notre flotteur.
Une fois les études théoriques finies, nous nous sommes tous mobilisés sur notre temps libre pour construire le flotteur avec l’aide de Lahcène Cerfa, technicien de l’UME, pour les soudures. Au terme de nos efforts, nous avons soumis un rapport détaillé de notre travail et de nos réflexions allié à une vidéo des tests en bassin que nous avons eu la chance de faire à EDF Lab Chatou. Après avoir reçu les retours constructifs du concours, nous sommes actuellement en train de finaliser les travaux sur la structure dans le but de pouvoir tester l'installation en conditions réelles en amont de la compétition.
Et pour Taka 4 Ventis ?
Raed Rezgui : Cette année, l’équipe brestoise "Taka 4 Ventis" est composée de quatre membres. La répartition des tâches s’est faite sur la base des compétences de chacun et autour des quatre axes principaux du projet :
- l’électronique,
- la mécanique et l’hydrodynamique,
- la structure,
- et l’étude économique.
La première étape clé a été la soumission de l’abstract, le 17 janvier, qui nous a permis de passer la phase de présélection. Nous avons été retenus parmi les 7 équipes finalistes sur 20, bénéficiant ainsi d’un financement de 1000 € pour la réalisation de notre prototype.
Après l’annonce des résultats, la phase de construction s’est déroulée entre février et début mai. Nous avons finalisé la structure, puis rédigé et déposé le rapport technique qui synthétise les différents volets du projet.
Nous nous préparons maintenant pour les phases finales, qui auront lieu les 8 et 9 juillet à Zeebruges.
Le projet complet est très formateur tant sur le volet gestion de projet, que d’un point de vue technique : nous avons acquis des compétences pratiques sur les défis des énergies marines renouvelables (EMR), en particulier sur les éoliennes offshore et les essais en conditions réelles. L’expérience nous a permis de travailler en équipe et de relever collectivement, à notre échelle, les défis technologiques du secteur des éoliennes offshore.
Avez-vous pu réaliser des essais sur votre prototype ?
Blandine Duprat : Grâce au soutien d’EDF Renouvelables et d’EDF Lab Chatou, nous avons eu l’opportunité de tester notre flotteur dans le bassin à houle d’EDF à Chatou.
Cette journée a constitué une étape clé dans la validation expérimentale de notre concept. Elle nous a permis d’observer le comportement dynamique de notre prototype en conditions simulées, d’ajuster certains paramètres techniques, mais aussi de bénéficier des retours d’expérience de spécialistes de l’éolien offshore présents sur place.
Nous avons également eu l’occasion d’échanger avec d’autres équipes participantes, ce qui a favorisé un enrichissement mutuel des approches techniques et conceptuelles.
Raed Rezgui : Les essais en mer initialement prévus à l’Ifremer n’ont malheureusement pas pu être réalisés, en raison de la forte charge de travail de leurs équipes. Nous avons donc effectué nos essais expérimentaux dans la piscine de l’ENSTA à Brest.
Ces essais portaient principalement sur la stabilité, la flottabilité (avec une inclinaison volontaire de 45°), ainsi que la mesure de la période propre en pilonnement (ndlr : effet des vagues). Tous les tests se sont déroulés avec succès : la structure a démontré une excellente stabilité et un comportement conforme aux attentes.
Avez-vous rencontré des difficultés au cours du projet ?
Blandine Duprat : La première difficulté rencontrée a été démarrer le projet de 0 puisque nous sommes la première équipe de l'ancienne ENSTA Paris à participer. L'expérience de Côme Reynaud dans la conception de structures offshores nous a alors été d'une grande aide pour nous lancer dans le projet. De plus, concilier nos emplois du temps en période stage de fin d’études sur la fin du projet n’est pas évident mais sur la dernière ligne droite nous sommes confiants et motivés pour proposer un flotteur fonctionnel pour la finale en Belgique.
Raed Rezgui : L’une des plus grandes difficultés rencontrées est liée à la petite taille de notre équipe (seulement quatre membres), ce qui a rendu la répartition des nombreuses tâches particulièrement exigeante. Nous avons dû travailler sous pression, en parallèle de nos études et examens, ce qui a nécessité de nombreuses heures de travail la nuit pour respecter les délais.
Comment envisagez-vous le challenge FWC 2025 ?
Blandine Duprat : Nous attendons avec impatience de pouvoir participer à la finale du concours. Cette semaine s’annonce très riche sur le plan humain comme sur le plan technique. Six membres de l’équipe seront présents. Nous avons hâte de rencontrer les autres participants et de présenter nos travaux à des professionnels de l’industrie des énergies offshore.
Raed Rezgui : Notre enthousiasme est total et nos ambitions élevées ! Nous serons tous présents début juillet à Zeebruges, prêts à relever ce défi.
Je tiens à mentionner le soutien de M. Marc Le Boulluec, un de nos enseignants qui travaille à l’Ifremer, sans qui ce projet n’aurait pas pu voir le jour. Il nous a soutenu dès le début et nous lui en sommes très reconnaissants.