Fruit de plus de 10 ans de recherches menées au CerCO (Centre de recherche cerveau et cognition), au CHU de Toulouse et à l’École nationale de l’aviation civile, Avrio MedTech se donne pour objectif de faire de l’analyse quantitative automatique d’électro-encéphalogrammes intracrâniens. Dans quel but ? Karine Seymour, ENSTA 96 et dirigeante de cette startup nous l’explique :
« Pour les patients pharmaco-résistants, une des options restantes est la chirurgie, qui permet d’enlever les zones focales responsables des crises d’épilepsie. Avant cela, on procède à une évaluation pré chirurgicale qui va consister à implanter des électrodes dans le cerveau et attendre le déclenchement d’une crise pour identifier la zone malade. L’analyse de ces données, collectées 24h/24 pendant 2 à 3 semaines, est extrêmement fastidieuse et dépend de l’œil expert du neurologue. L’apport d’Avrio MedTech est d’être capable d’analyser des signaux faibles, des oscillations haute fréquence, qui permettent de compléter l’analyse visuelle du neurologue par une analyse quantitative et objective, et ce, sur toute la durée du signal, permettant ainsi de repérer la zone à traiter sans avoir à attendre le déclenchement d’une crise. »
Avec cette innovation détectant les biomarqueurs interictaux (en dehors des périodes de crises), l’information sur la zone épileptogène est obtenue dès que le patient est implanté, laissant anticiper un considérable gain de temps à la fois pour le patient et pour la structure hospitalière d’accueil, et surtout un diagnostic plus fiable.
Disposant dès à présent d’un premier produit prêt à être commercialisé à des fins de recherche, Karine Seymour est en plein démarchage commercial auprès des établissements réalisant des électro-encéphalogrammes intra crâniens afin de vendre des licences logicielles. La solution est déjà utilisée à Toulouse depuis quelques mois, déployée récemment à l’Institut du cerveau à Paris, et devrait prochainement être utilisée dans deux autres centres.
« Nous visons également les industriels développant des applications thérapeutiques pour lesquels nos analyses peuvent être intéressantes pour fiabiliser les thérapies, notamment les implants de neurostimulation, ou de nouvelles molécules. »
Travaillant dans le domaine des logiciels d’interprétations des images et données de santé dès son diplôme de l’ENSTA obtenu en 1996, Karine Seymour en est à sa troisième startup dans le domaine médical.
« La solide formation scientifique et généraliste dispensée à l’ENSTA a été un excellent tremplin pour ma carrière dans le médical, où il faut être familier de beaucoup de disciplines scientifiques et être à même de comprendre et discuter avec les médecins. Avec l’environnement réglementaire et juridique très exigeant de ce domaine, j’ai éprouvé le besoin de compléter ma formation en 2014 par un Executive MBA de la Toulouse Business School, au cours duquel j’ai produit un mémoire sur la médecine translationnelle, où l’on cherche à traduire le plus efficacement possible en applications médicales concrètes les découvertes de laboratoire. C’est exactement ce que je fais aujourd’hui à la tête d’Avrio MedTech. »