Amélie Kies, donner le goût des sciences

Le 2 avril prochain, l’Institut Polytechnique de Paris dont l’ENSTA est membre fondateur organise sa finale 2025 du concours Ma thèse en 180 secondes, lequel a pour but de valoriser les recherches menées par ses doctorants et doctorantes. Deux doctorantes des laboratoires de l’ENSTA seront en compétition. Rencontre avec l’une d’elles, Amélie Kies.

Rien ne prédestinait Amélie Kies à devenir scientifique et encore moins docteure en physique quantique. Rien, sinon quelques rencontres déterminantes avec des professeurs motivés et à l’écoute, n’hésitant pas à mettre la main à la pâte afin de donner à leurs élèves le goût des sciences. Un dévouement qu’Amélie n’a pas oublié, et qui justifie à lui seul sa participation à Ma thèse en 180 secondes.

« Je suis la première de la famille à faire des études supérieures » annonce d’emblée Amélie Kies. « Je suis arrivée au lycée sans savoir ce qu’étaient les classes préparatoires. Voyant mon intérêt pour les sciences, ce sont des professeurs de math et de physique qui m’en ont parlé pour la première fois. »

Amélie Kies, doctorante au LOA
Amélie Kies, doctorante au LOA en physique quantique

Surtout, une de ces professeurs, très motivée, présente un jour en classe de première la célèbre expérience des fentes de Young, laquelle permet de mettre en évidence la nature ondulatoire des particules, et en présente les résultats. « j’ai été subjuguée par les résultats surprenants de cette expérience, dont je peux dire qu’elle a été le point de départ de ma passion pour les sciences en général et la physique quantique en particulier. »

Expérience des fentes de Young
Simulation de l'expérience des fentes de Young avec des électrons: évolution (de gauche à droite) de l'intensité du jet d'électrons au sortir des fentes (gauche) jusqu'à l'écran de détection situé à 10 cm après les fentes (droite). Crédit : Alexandre Gondran/Wikipedia

Après une classe préparatoire aux Lazaristes à Lyon puis à Fénelon Sainte-Marie, Amélie Kies intègre l’ENSEA tout en conservant sa passion pour la physique quantique chevillée au corps.

« Ma façon de gérer le coté très contre-intuitif des lois et des comportements des systèmes quantiques, comme les électrons, est d’adhérer à l’idée que leur monde est différent du nôtre, et qu’on doit oublier toutes nos idées préconcues. Nous n’en connaissons rien, et il faut tout réapprendre, d’après les résultats expérimentaux et théoriques. Certains préfèrent imaginer d’autres mondes en regardant les étoiles, moi, c’est en regardant à l’échelle de l’infiniment petit ! »

Une passion qu’elle nourrit dès la prépa grâce au MOOC de physique quantique de Davide Boschetto, professeur de l’ENSTA au Laboratoire d’optique appliquée, dont elle découvre les travaux en cherchant un laboratoire ayant des activités dans le domaine quantique.

« Pendant ma scolarité à l’ENSEA, j’ai œuvré à la création d’un double diplôme avec le master QLMN (Quantum, Light, Materials & Nano sciences) de Paris-Saclay afin d’y effectuer ma 3e année d’ingénieur. Pour ma première expérience en physique quantique, j’ai postulé dans le laboratoire que j’avais découvert en prépa, pour rejoindre l’équipe de Davide Boschetto. J’y ai effectué mon stage de 2e année, et puisque j’avais énormément apprécié, mon stage de 3e année. Lorsque Davide m’a proposé une thèse, j’ai accepté avec plaisir, car c’était une opportunité pour moi de continuer à travailler dans un domaine qui me stimulait énormément. »

Davide Boschetto, enseignant-chercheur de l'ENSTA Paris
Davide Boschetto, enseignant-chercheur de l'ENSTA

Une opportunité qu’Amélie a tout de même pris le temps de murement soupeser, avant d’être convaincue par le fait que la physique quantique était un domaine qui allait émerger, allant de pair avec les opportunités, aussi bien dans le privé que dans l’académique.

« Le sujet de ma thèse, c’est comment utiliser de minuscules défauts dans des diamants synthétiques afin de mesurer des champs magnétiques extrêmement faibles. C’est intéressant dans plein d’applications, et en particulier dans le domaine médical, avec une possible chance que cela permette de détecter des cellules cancéreuses à leur stade le plus précoce, en raison de leur champ magnétique différent des cellules saines.»

Un choix dont elle se félicite aujourd’hui, le Laboratoire d’optique appliquée bénéficiant d’un cadre exceptionnel, le tout au sein d’une équipe qu’elle avait appris à connaître au travers de ses différents stages.

« Participer à Ma thèse en 180 secondes, c’est commencer à rembourser très modestement une partie de ma dette vis-à-vis des enseignants passionnés et exceptionnels que j’ai eu la chance de rencontrer sur mon chemin, qui ont su me communiquer leur passion pour les sciences et sans lesquels je ne serais pas là aujourd’hui. Alors si moi aussi, au travers de ma prestation, je peux donner l’envie de découvrir un sujet scientifique et des études qu’une personne n’avait pas encore imaginé ou ne s’était pas autorisée à vouloir découvrir, à cause d’un manque de représentation ou d’auto censure, j’aurais accompli ma mission »

Venez soutenir Amélie lors de cette finale IP Paris de ma thèse en 180 secondes le mercredi 2 avril à partir de 18h30 dans l'amphithéâtre Poincaré de l'École polytechnique !