Monaco Energy Boat Challenge : ENSTA Paris crée l’événement !

TAMEO, l’association étudiante d’ENSTA Paris investie dans la préparation du Monaco Energy Boat Challenge, engage cette année un bateau présentant une approche radicalement originale avec sa propulsion différentielle. Une modification qui a de nombreuses conséquences sur la conception du châssis et des dispositifs de pilotage du bateau.

Véritable laboratoire du yachting du futur, le Monaco Energy Boat Challenge réunit, sous l’égide de son président S.A.S. le Prince Albert II, plus de 700 étudiants représentant plus de 40 nationalités et issus des meilleures écoles d’ingénieurs et universités du monde, avec pour objectif déclaré de préparer la transition énergétique du yachting.

Parmi les innovations très attendues cette année, celles portées par TAMEO comptent parmi les plus radicales, avec notamment la propulsion différentielle : rompant avec le schéma traditionnel du « tout-à-l’arrière », le TAMEO est équipé de deux moteurs à l’avant, fixes, et d’un moteur arrière orientable.

 

Grâce à un capteur sur l'arbre de direction du volant, un algorithme développé par les étudiants eux-mêmes répartit la puissance entre les deux moteurs placés à l’avant, chacun sur une des deux coques du bateau.

Tout comme un engin chenillé tourne à gauche en bloquant la bande de gauche et en laissant tourner la bande de droite, le TAMEO fera varier la puissance de ses moteurs avant pour tourner, aidé par le moteur arrière directionnel.

Thomas Denecheau, pilote titulaire du TAMEO, a appris à dompter cette toute nouvelle méthode de propulsion lors d’essais sur la Seine au cours du mois de juin : « C’est assez déroutant au début car les mouvements sont très amplifiés et les sensations très différentes par rapport au mode de propulsion classique. Il m’a fallu un certain temps de prise en main afin de maîtriser parfaitement les manœuvres. »

Cette nouvelle implantation des moteurs a conduit à réviser entièrement le châssis en aluminium du navire comme l’explique Clément Tramond, qui a beaucoup travaillé sur la conception de la partie mécanique du navire. « Par rapport à l’an dernier, nous avions à la fois la contrainte d’alléger le châssis tout en renforçant la rigidité des parties situées à l’avant et auxquelles les moteurs sont fixés. Nous sommes parvenus à réduire le poids de 15 kg rien que sur le châssis. »

 

 

Autre innovation radicale : l'implémentation de l'intelligence artificielle à bord pour guider le pilotage et optimiser la consommation d'énergie. « Cette innovation nous a valu la création d'une nouvelle classe pour l'année prochaine au sein du Monaco Energy Boat Challenge mais surtout, la création de relations très enrichissantes avec des institutions, des centres de recherches et bien plus encore » se réjouit Quentin Vassard, élève de deuxième année qui était déjà dans l’aventure TAMEO l’an dernier.

Forte du soutien de la DGA et de Naval Group, et avec un projet si novateur qu’il a surpris jusqu’aux organisateurs du challenge, l’équipe TAMEO a convaincu sans difficulté d’autres industriels et institutions de monter à bord : Monaco Marine, Yacht Motor Club de France pour les principaux, mais aussi des PME comme Sonic Equipment qui a fourni des servantes d’atelier ou encore Alexseal, fabricant de peintures et primers adaptés au milieu marin.

Au-delà du défi technique et sportif, cette expérience est aussi très formatrice pour de jeunes élèves ingénieurs. Ainsi pour Thomas Denecheau, « En plus d’être pilote titulaire, j’ai aidé à la conception du bateau ce qui m’a permis d’en apprendre beaucoup sur les problématiques de distribution de puissance électrique. Avec les contraintes de temps imposées par le calendrier, on apprend aussi à travailler de manière plus organisée afin d’aller plus vite. »

Pour Eliot Jouan, de l’équipe de support technique, « nous avons procédé à un vrai travail d’analyse des retours d’expérience des précédentes équipes qui nous a permis de progresser, notamment sur la gestion des pics d’intensité qui risquaient d’endommager les moteurs. Il s’agissait typiquement d’une démarche d’ingénieur en R&D. »

Des propos sur lesquels Thomas Denecheau renchérit : « Ce projet nous a aidé à acquérir une vraie démarche d’ingénieur systémier qui est dans l’ADN d’ENSTA Paris : chaque pièce que nous concevions devait à la fois satisfaire à un cahier des charges très précis, s’interfacer parfaitement avec celles conçues par d’autres membres de l’équipe, et permettre le respect du règlement, par exemple la capacité pour le pilote d’évacuer le bateau en moins de 5 secondes. Et tout ça en veillant au centrage de masse, en respectant la distance de sécurité entre batteries et poste de pilotage, etc. »

A n’en pas douter, quel que soit le palmarès de TAMEO cette année, les membres de l’équipe ont déjà beaucoup gagné à participer à cette aventure.