A l’automne 2018, plus de 30 000 étudiants français signaient le manifeste étudiant « Pour un réveil écologique », interpellant aussi bien dirigeants des grandes écoles et universités que responsables politiques et économiques. Parmi eux se trouvaient bon nombre d’élèves ingénieurs qui interrogeaient les contenus de leurs formations face à l’urgence écologique. Les écoles d’ingénieurs, par la large place qu’elles accordent aux sciences et techniques dans leurs enseignements, occupent en effet une place singulière dans ce contexte.
Plus ancienne école d’ingénieurs de France avec une création en 1741 sous le nom « d’École des ingénieurs-constructeurs de vaisseaux royaux », celle qui allait devenir l’ENSTA préfigurait ces écoles liées à une vision planificatrice du rôle de l’économie et de la science, dans le prolongement de l’appel cartésien à devenir « comme maîtres et possesseurs de la nature ».
Près de trois siècles plus tard, l’ENSTA, formant des ingénieurs scientifiques et techniques dotés de compétences interdisciplinaires particulièrement recherchées dans les secteurs de l’énergie et du transport, a officiellement entamé sa démarche de transition écologique. Celle-ci vise en particulier à transformer ses domaines applicatifs par des pratiques plus respectueuses de l’environnement.
Pour Pierre-Jean Cottalorda, directeur du prochain cursus d’ingénieur généraliste de l’ENSTA et chargé de son déploiement côté formation, « cette démarche véritablement pensée et structurée autour d’engagements forts est venue rencontrer mes propres aspirations à mettre les ingénieurs devant leurs responsabilités à la fois individuelles et collectives dans la crise écologique que nous traversons. »
C’est animé de cette conviction qu’il a assuré la coordination de ce Manuel de l’ingénieur du XXIe siècle rassemblant les signatures de Cécile Renouard, philosophe, professeure à l’ESSEC, à l’école des Mines de Paris et aux Facultés Loyola, et présidente du Campus de la transition, Xavier Becquey, ingénieur et dirigeant dans l’industrie, Christophe Goupil, physicien et professeur à l’Université Paris-Cité, Florent Haffner, ingénieur de l’anthropocène, et Myriam Saadé, docteure en sciences de l’environnement et directrice scientifique de l’évaluation de l’impact environnemental des projets de recherche du CNRS.
« Qu’on ne s’y trompe pas » précise Pierre-Jean Cottalorda, « cet ouvrage n’est absolument pas technophobe, mais plutôt le fruit des réflexions de technophiles lucides. Nous avons voulu questionner les limites de l’innovation technique, et notre rapport à l’objet technologique. De là, nous proposons d’élargir la réflexion à la place des ingénieurs face à ces défis, qui sont systémiques par nature. Cela suppose une ouverture interdisciplinaire, tant du côté de l’éthique que du politique. Cette approche nous conduit à formuler une proposition forte : celle d’un serment de l’ingénieur, à l’instar de celui d’Hippocrate pour les médecins. Il s’agirait d’un engagement à la fois pour les étudiants, mais aussi pour les écoles qui les forment. »
Références :
Manuel de l’ingénieur du XXIe siècle
Éditions LLL
ISBN : 979-10-209-2301-1
192 pages
12.5 x 19 cm
12.00 €