Clément Huber, un ENSTA Paris dans la course à l’espace

Âgé de 28 ans, Clément Huber, diplômé de l’ENSTA Paris en 2016, vient d’adresser sa candidature à la campagne de recrutement pour la prochaine promotion d’astronautes de l’Agence spatiale européenne. Portrait d’un spécialiste de robotique qui a toujours placé l’humain au cœur de ses engagements.


Depuis que Youri Gagarine a été le premier être humain à franchir la frontière de l’espace en 1961, quel enfant n’a pas rêvé de se lancer un jour à sa suite ? Ce rêve, Clément Huber aussi l’a fait, et il n’a jamais été aussi proche de le concrétiser. En chemin, il a accompli plein d’autres rêves nés de sa soif précoce d’aventure, d’engagement et d’exploration des trois dimensions de l’espace.
Adolescent, il s’essaye au parapente et dès l’âge de 16 ans, il est titulaire du brevet de base qui lui permet de voler en solo autour de son aéroclub. Il pratique également la plongée et l’alpinisme.

 

Cet engagement physique ne l’empêche pas de mener d’excellentes études qui l’amèneront à intégrer l’ENSTA Paris, dont il sortira diplômé en 2016.

« A l’ENSTA Paris, l’aspect systèmes complexes privilégie une approche multidisciplinaire. La formation est très complète et nous prépare aux différents aspects d’un projet technique. Cette approche multiphysique, et même multiculturelle - puisque la part accordée à la formation humaine est très importante- est une vraie valeur ajoutée de la formation. La flexibilité du parcours permet également de s’adapter à chacun. »


C’est au final sa spécialisation en robotique qui lui vaudra son premier poste chez Navya, entreprise française spécialisée dans la conception et la construction de véhicules autonomes, électriques et robotisés.


A présent qu’il vise les étoiles, cette compétence éprouvée en robotique n’est pas le moindre de ses atouts.


« Les missions spatiales habitées vers la Lune et Mars nécessiteront une forte interaction entre humains et systèmes robotisés, qui seront cruciaux pour la reconnaissance du terrain ou la collecte d’échantillons. Sans parler du bras robotisé de la Station spatiale internationale, indispensable dans les phases d’installation de nouveaux équipements ou lors des sorties des astronautes dans l’espace. C’est là que mon expérience en robotique pourrait faire la différence. J’ai à la fois une formation d’ingénieur généraliste grâce à l’ENSTA Paris, avec des compétences spécifiques en robotique, et aussi une expérience professionnelle de 4 ans dans le domaine, avec des tests pratiques sur véhicule. Analyser des pannes robotiques, trouver rapidement des solutions inédites, c’est vraiment mon savoir-faire. »


Cependant Clément Huber est bien conscient du fait que dans un premier temps, ce sont surtout ses qualités humaines et sa capacité à cohabiter en bonne intelligence dans un milieu confiné qui seront scrutées tout au long du processus de recrutement. Là, en plus de ses dispositions naturelles à la camaraderie dont il avait fait preuve au BDE de l’ENSTA Paris, c’est sa récente expérience en tant qu’élève officier à l’Académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan qui ne manquera pas de lui être utile.

« Question dépassement de soi, esprit de groupe et capacité à garder ses moyens en situation de stress, c’est une excellente école. Cela m’a fait beaucoup de bien de sortir de ma zone de confort et de me confronter à la réalité du terrain. A présent, je sais ce qu’est l’esprit de corps, et je ne me fais pas trop d’inquiétudes pour le stage de survie qui fait partie de la formation des astronautes, en cas d’atterrissage en dehors de la zone prévue. »

Maintenant que sa candidature a été déposée, Clément Huber se prépare à la suite, en espérant qu’elle sera favorable. Afin d’être certain de pouvoir échanger dans toutes les langues en usage dans la Station spatiale internationale, il se perfectionne en russe, en plus du japonais qu’il avait appris lors d’un stage au Japon dans le cadre de son cursus à l’ENSTA Paris. Pour se préparer aux entrainements à la sortie dans l'espace qui se déroulent en scaphandre dans une immense piscine, il s’est remis à la plongée. Et pour se rapprocher doucement des étoiles, il a repris le chemin de l’aérodrome du Versoud, en Isère, où il avait fait ses premiers pas vers le ciel.

« Pour moi, aller dans l’espace n’est pas un but en soi. Ce serait bien sûr un privilège et une grande aventure, mais je veux en ramener des contributions scientifiques, des découvertes qui bénéficieront à toutes et à tous sur Terre, et nous permettront de faire face aux grands défis de demain, notamment sur le plan climatique. »

Il le sait, le chemin est encore long avant l’annonce des six astronautes et vingt réservistes finalement retenus à l’automne 2022. Mais Clément Huber a déjà fait la preuve de sa motivation, de son endurance et de sa persévérance. Et quel que soit le résultat, il aura ajouté de nouvelles cordes à son arc. Le propre des ingénieurs généralistes formés à l’ENSTA Paris, dotés de solides bases scientifiques et qui savent tirer des leçons de chaque expérience, pour s’adapter au changement et imaginer un futur durable.