Longtemps Ewen Mahevas a persévéré dans l’idée utopique de voyager en train avec sa planche de surf. Et puis un beau jour, lassé des amendes dont il se voyait régulièrement gratifié, il a commencé à chercher des alternatives. Dire adieu à son bilan carbone exemplaire ? Renouer avec la tradition du combi Volkswagen comme ses glorieux prédécesseurs des années 1960 et 70 ? Les temps ont changé, et l’urgence climatique lui interdisait cette solution de facilité.
Alors Ewen s’est creusé les méninges et a laissé libre cours à sa créativité, sans rejeter aucune idée à priori. Il en est venu à imaginer une solution pourtant simple, mais à laquelle personne n’avait sérieusement pensé jusque là : pourquoi ne pas développer un système de planche de surf démontable, constituée de plusieurs éléments interchangeables ?
Étudiant en double diplôme Télécom-ENSTA Paris, Ewen commence à se lancer dans l’analyse économique du projet. En échange dans le cadre du programme Erasmus au Portugal, il se familiarise avec les défis techniques de l’idée en travaillant sur un projet de réparation d’une planche de surf cassée en deux. Il prend conscience de problèmes inattendus et, stimulé par la difficulté, se surprend à vouloir pousser les choses beaucoup plus loin. Il trouve des solutions et en vient à envisager de créer sa startup.
De retour en France, Ewen cherche comment concrétiser son projet de création. C’est tout naturellement qu’il s’oriente vers le cursus création d’entreprise d’ENSTA Paris, un accompagnement personnalisé de chaque porteur de projet dans sa démarche de création d’entreprise qui s’appuie sur l’écosystème local dédié au développement de startups.
« Choisir le cursus création d’entreprise d’ENSTA Paris a été la meilleure décision de tout mon parcours académique. Je reçois un appui exceptionnel de Didier Lebert, responsable du parcours, qui m’apporte les conseils et les contacts nécessaires exactement au moment où j’en ai besoin. Ce cursus me permet de m’investir à 200% sur mon projet tout en m’offrant à la carte l’aide dont j’ai besoin. »
À ENSTA Paris, Ewen a retrouvé un ami, Hadrien Nauroy, avec lequel il surfe depuis plusieurs années et qui est maintenant son associé. Modeste, Hadrien serait tenté de réduire sa présence à bord de l’aventure à « ça peut toujours servir d’avoir un ingénieur mécanique dans ce genre de projet. » Mais il est naturellement beaucoup plus investi que cela : « Avec Ewen, on se connaît depuis la prépa, nous sommes de vrais amis. Lorsqu’il est arrivé en double diplôme à ENSTA Paris, j’étais moi-même en double diplôme en architecture navale à l’université d’Aalto en Finlande et de Chalmers en Suède. Cela nous est apparu comme une évidence de nous associer.»
Reste que, aussi brillants, motivés et bien accompagnés que soient les deux entrepreneurs, leur projet présente de nombreux défis techniques qui n’ont rien de trivial.
« La problématique essentielle est de produire une planche en 3 morceaux aussi performante qu’un modèle d’un seul tenant » confie Ewen. « Les efforts et les contraintes ne se transmettent pas de la même façon. Le point clé, c’est le système de fixation entre les différentes parties. C’est là que tout se joue. »
Car une fois les défis techniques surmontés, la modularité du système offrira beaucoup d’avantages : « Les surfeurs pourront voyager avec plusieurs planches dans leur sac, adaptées à différents types de vagues, pourront ne changer qu’une partie selon l’endroit où la planche aura cassé. Sans parler de pouvoir enfin prendre le train sans être en conflit avec le règlement de la SNCF, qui n’autorise pas le transport de bagages de plus de 1,2 mètre de long… »
Aujourd’hui, Ewen et Hadrien testent un modèle à taille 40%, avec l’espoir de sortir un prototype taille réelle d’ici début mars. Munis de ce prototype et d’un prévisionnel comptable, ils partiront faire le tour des réseaux d’aides publiques afin d’obtenir des prêts d’honneur dans l’espoir de financer de premières séries de planches, un site internet et une campagne marketing afin d’engranger un maximum de précommandes en vue d’une éventuelle levée de fonds à l’automne prochain.
En attendant, ils participeront à la Journée de l’Entrepreneuriat Etudiant jeudi 23 mars, avec la ferme intention de décrocher leur premier financement à l’issue. « Grâce à la coach du cursus création d’entreprise d’ENSTA Paris, nous sommes devenus de vraies bêtes de roadshow en seulement trois séances, alors qu’on partait de loin ! » plaisante Ewen.
Ewen et Hadrien n’ont pas seulement besoin de financement, mais aussi de matière grise, et d’enthousiasme. « Si des étudiants d’ENSTA Paris sont surfeurs et cherchent un Projet de recherche original, qu’ils n’hésitent pas à nous contacter, nous sommes preneurs ! »
Alors, tenté de prendre la vague avant qu’elle ne devienne une déferlante de succès ? Il reste encore des places. Et si c’est la vague de l’entrepreneuriat qui vous tente, c’est par ici que ça se passe.