Les défis technologiques des robots militaires terrestres

Dans une récente livraison de Polytechnique insights, la revue de l’Institut Polytechnique de Paris, David Filliat, professeur ENSTA Paris, livre son éclairage d’expert sur l’état de l'art en matière de robotique militaire terrestre.

Faut-il avoir peur des robots-tueurs ? Telle est la question posée en préambule du dossier de Polytechnique insights. Si David Filliat concède le caractère impressionnant de la mobilité physique et de l’agilité des robots Atlas de Boston Dynamics telle qu’elle apparaît dans les vidéos de démonstration de la firme (voir ci-dessous), il rappelle que les environnements dans lesquels ces performances sont obtenues n’ont absolument rien à voir avec la réalité d’un champ de bataille.

thumbnail Le robot de Boston Dynamics, Atlas, a désormais la même flexibilité qu’un adulte humain

En opérations, sur le terrain, le « brouillard de la guerre » cher à Clausewitz, c’est à dire l’incertitude quant aux informations reçues, est partout. Et ce brouillard est encore plus épais pour une intelligence artificielle, pour laquelle « la moindre branche est un obstacle qui doit être détecté, évalué et géré soit par un logiciel, soit mécaniquement. »


Autre idée reçue véhiculée notamment par la science-fiction et battue en brèche par le chercheur, celle du robot-soldat nécessairement calqué sur le modèle humain « Si l’on considère la capacité embarquée, rouler plutôt que marcher permet d’emporter plus d’énergie, plus de capteurs. Chaque système a sa logique, ses défauts et ses avantages. Aucun ne s’impose aujourd’hui comme « la » solution. »


Aussi, plutôt que des cohortes de Terminators bipèdes déferlant sur le champ de bataille, les premiers robots terrestres militaires à capacité opérationnelle seront certainement de petits engins chenillés ou à roues, engagés en soutien des humains dans des terrains particulièrement hostiles ou difficiles d’accès.

« L’enjeu principal de tous ces efforts techniques consiste à épargner des vies humaines » rappelle le chercheur. « La robotique n’est ici qu’une nouvelle étape dans une histoire déjà ancienne. Lors de la Deuxième Guerre mondiale, les Allemands ont conçu les V1 pour limiter la perte de pilotes, un personnel rare et très qualifié. Les armées d’aujourd’hui raisonnent de la même façon avec l’ensemble des troupes. »

Comme l’explique en substance dans une autre partie du dossier le chercheur américain Alan R. Wagner, les robots militaires, par leurs capacités de discrimination offertes par l’intelligence artificielle, leur absence d’émotions et leur caractère dissuasif, pourraient se révéler paradoxalement beaucoup plus économes en vies humaines que les humains eux-mêmes.

Retrouvez l’intégralité de l’interview de David Filliat ainsi que le dossier complet sur les robots tueurs sur le site de Polytechnique insights.