Cycle de conférences Liberté(s) confinée(s) : histoire et actualité

ENSTA Paris, Département « Langues, Culture et Communication » / LinX, École Polytechnique / en partenariat avec IRCAV (Institut de Recherche sur le Cinéma et l’Audiovisuel, Sorbonne Nouvelle - Paris 3) et ARTES (Atelier de Recherches Transdisciplinaires Esthétique et Sociétés, Bordeaux Montaigne) organisent un séminaire interdisciplinaire en philosophie et en esthétique du cinéma et des images en mouvement sous la direction d’Olga Kobryn (ENSTA Paris / IRCAV), d’Antoine Gaudin (IRCAV, Sorbonne Nouvelle – Paris 3), et de Christopher Robinson (LinX, École Polytechnique), avec la participation de Yuliya Tsutserova (ENSTA Paris) et Yann Kilborne (Bordeaux Montaigne).

Ronan de Calan (Maître de conférences en philosophie à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)

Ronan de Calan, normalien, est historien des sciences, docteur en philosophie et maître de conférences à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Il est l'auteur d'une Généalogie de la sensation (Honoré Champion, 2012) et de l’ouvrage Philosopher à vingt ans (Flammarion, 2020) ainsi que de nombreux articles.

Le gouvernement de la peste

Peut-on supposer qu’il existe un régime de gouvernement propre aux attaques virales, aux grandes épidémies ? A-t-on de bonnes raisons de craindre que tout ou partie des dispositifs mis en œuvre par des Etats pour résister aux épidémies soient conservés, une fois ces dernières éteintes, maîtrisées ?

Dans son grand livre de 1975, Surveiller et punir, Michel Foucault identifiait, derrière le cortège de mesures prises par les Etats modernes en voie de formation pour résister aux vagues successives de peste, les linéaments d’un nouveau type de gouvernementalité : « La ville pestiférée, écrit-il, toute traversée de hiérarchie, de surveillances, de regard, d’écriture, la ville immobilisée dans le fonctionnement d’un pouvoir extensif qui porte de façon distincte sur tous les corps individuels – c’est l’utopie d’une cité parfaitement gouvernée. La peste (celle du moins qui reste à l’état de prévision), c’est l’épreuve au cours de laquelle on peut définir idéalement l’exercice du pouvoir disciplinaire. Pour faire fonctionner selon la pure théorie les droits et les lois, les juristes se mettaient imaginairement dans l’état de nature ; pour voir fonctionner les disciplines parfaites, les gouvernants rêvaient de l’état de peste ».

Quarantaines, lazarets, isolements, séquestrations, passeports sanitaires, gardes et contrôles, désinfections, fumigations… La grande peste a bien suscité toute une série de mesures dont on a tôt fait de dire qu’elles étaient dépassées, avant de les voir réapparaître à chaque épidémie. Pour autant, on ne donnera pas raison au fonctionnalisme du pire dont Foucault semble être le meilleur interprète. Pas plus qu’à ceux qui craignent que la « dictature sanitaire » ne soit qu’un premier pas vers la dictature « tout court ».

Horaire : de 17h30 à 19h30
Lieu : Amphithéâtre Duhamel du Monceau, ENSTA Paris, Palaiseau

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